Monné Bou

Monné Bou est surtout un peintre gestuel dont les premières œuvres datent de 1973. Il n’est pas de ces artistes travaillant avec des matériaux récupérés, assujettis aux esthétiques du collage, engagés dans les ornières de l’art dit contemporain… Fidèle au chevalet, il trouve un grand plaisir à préparer ses liants selon des méthodes bien à lui. Cela lui permet d’avoir des peintures fluides, choisies avec une attention de cuisinière, qu’il projette sur la toile installée à une certaine distance. Ses qualités de dessinateur font le reste. Monné Bou met souvent en lumière la peinture de genre. Les amateurs d’art, eux, voient en lui le peintre de la femme et de l’enfant ; à juste raison. En effet, les personnages dominants de cet artiste vrai sont la femme et l’enfant universels. Il les traite dans des postures délicates, sensuelles, qui interpellent le regard, montrent son sens aigu de l’anatomie et de la composition. Il y a dans son écriture plastique une densité où, curieusement, les zones de repos ont autant de force que les zones animées. Avec doigté, il convoque la femme et l’enfant pour un rituel de vie, loin du père. « Monné Bou est le peintre de l’ascension sans le père » (Séry Bailly). Une ascension à lire comme la sombre métaphore de sa vie, lui qui n’a pas toujours profité du cocon paternel.